Stanley Février - terre des fissures

2025 | STANLEY FÉVRIER
TERRE DES FISSURES
TORONTO
26 juin - 16 août 2025

Vernissage: Jeudi 26 juin 2025, 18h-20h



Stanley Février, Terre des fissures, 2025, Impression numérique, dimensions variables.

Stanley Février est un artiste visuel qui envisage l'art comme un vecteur de changement social. Sa pratique explore les dynamiques de pouvoir au sein des sociétés occidentales et examine la valeur de l’humain dans le contexte de la mondialisation et des différents conflits qui l'accompagnent.

Dans le cadre de cette exposition, Février rassemble trois projets réalisés sur une période de deux ans, chacun traitant d'un événement, personnel, professionnel et socio-politique, l’ayant laissé avec un sentiment d'impuissance.

Le premier projet qui se trouve à être une commande, la trahison des choses, commence par une présentation en plâtre du corps de l'artiste, affalé dans une brouette, symbolisant l’épuisement de l’artiste face aux différents enjeux liés à son travail et aux difficultés que sévissent les artistes dans le milieu de l’art. Faisant écho à La mort de Marat de Jacques-Louis David, la sculpture représente aussi l'artiste dans la défaite, mais aussi dans la victoire, après avoir surmonté le long et douloureux processus de fabrication. Dans un premier temps, cette commission a été rejetée de l'exposition à laquelle elle était destinée; Février a décidé de poursuivre le développement de cette sculpture en l’accompagnant d’une série de peintures et de dessins. Par ce geste de recontextualisation, l'œuvre renaît de ce non-événement et celle-ci devient une occasion d’examiner, de manière cathartique, le sens de l’art et les publics auxquels il s’adresse.

Le second projet, intitulé I Will Not Make Any More Boring Art  (Je ne ferai plus d'art ennuyeux), emprunte son titre à une œuvre phare de John Baldessari datant de 1971. N'ayant pu participer à une résidence au NSCAD, Baldessari a demandé aux étudiants d'écrire à plusieurs reprises cette phrase sur les murs de l'école. L'œuvre allie ennui et audace dans un appel aux armes pince-sans-rire. Dans le contexte des dessins de Février sur papier, toile et miroirs en plâtre, le titre de Baldessari sert de force, de motivation et de mantra thérapeutique, car l'artiste se met au défi d'affronter, aussi franchement que possible, la douleur de sa récente rupture.

Le troisième projet, Cocon : jardin des nuages et de Madone, réfléchit à une série de conflits mondiaux et à la montée des extrémistes colons et aux crises humanitaires qui en résultent. Le travail de Février reconnaît sa propre impuissance face  au manque d’humanité qui règne dans le monde actuellement; mais l'artiste reste déterminé à contrer cette déshumanisation, ne serait-ce que par l'expression honnête de la sympathie et de la solidarité.

Les trois corpus d'œuvres nous incitent à nous demander : comment la douleur peut-elle être transformée en force motrice pour le changement ? Comment l'art peut-il être un catalyseur de dialogue et de guérison ? Et comment pouvons-nous rester résilients face à la perte et à la nostalgie, à la guerre et au conflit ? Février n'a pas la prétention d'apporter des solutions à des problèmes aussi complexes ; il nous invite plutôt à faire usage de notre responsabilité sociale et à pénétrer dans son univers intime, nous demandant d'accepter la vulnérabilité comme une force créatrice.